Gérard Leconte, un instructeur pas comme les autres
Gérard Leconte n'est pas un instructeur comme les autres. Pilote et instructeur d'autogire, il nous explique comment il a adapté sa pratique de l'ULM à son handicap.
Bonjour Gérard. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours dans l’aéronautique ?
J’ai d’abord pratiqué le vol libre. Puis en 1995, je suis passé au pendulaire. J’ai eu un accident en pendulaire au cours duquel j’ai perdu l’usage de mes jambes. J’ai tenté de revoler en pendulaire malgré ma paraplégie, mais j’avais du mal à contrôler la machine surtout en turbulence. Je suis donc devenu pilote d’autogire en 2000. J’ai d’abord construit un premier autogire monoplace inspiré du modèle Averso, modifié pour être piloté sans l’usage de mes jambes et dans lequel j’emmenais aussi mon fauteuil, puis j’en ai construit un deuxième...
Vous êtes un instructeur pas exactement comme tous les autres… Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Je suis devenu instructeur autogire en 2003 à la suite d’un stage chez Didier Horn. Alors, effectivement, je suis en fauteuil, je suis pilote et instructeur et je transmets ce savoir faire malgré le handicap. J’ai d’ailleurs créé une école de pilotage à Sorigny et elle s’appelle « Handivol ULM »
Par quels moyens techniques arrivez-vous à monter dans votre autogire ?
Aujourd’hui, je vole sur Magni M16 . Le carénage latéral a été échancré au niveau de chaque siège et doté d’une protection ce qui permet de faire le transfert depuis le fauteuil à la bonne hauteur. J’ai installé une sangle sur le mât qui me permet à la force des bras d’effectuer ce transfert. A bord, un « malonnier » permet de commander la gouverne de direction avec la main gauche.
Gérard Leconte s'apprête à monter dans son autogire © G.Leconte
Que change votre handicap dans votre manière d’appréhender les leçons que vous donnez à vos élèves ?
Mon handicap ne modifie pas ma façon d’appréhender la formation. Je peux accueillir à bord, indifféremment des élèves valides ou handicapés, mais paraplégiques seulement. En effet, la configuration des commandes n’est pas accessible à des personnes handicapées au niveau des membres supérieurs.
Si vous avez un message à faire passer aujourd’hui aux personnes souffrant de handicap et qui souhaitent devenir pilote voire instructeur en ULM…
Les adaptations de la machine permettent l’apprentissage du pilotage aux personnes non valides. On peut encourager les personnes handicapées motivées qui le souhaitent à pratiquer cette activité qui leur est accessible avec une machine adaptée. Je vole et forme ainsi des pilotes depuis 2003.
Lire l'article de La Nouvelle République consacré à Gérard Leconte (2015)
Propos receuillis par Alain Réveillon, pôle Handivol