Un nouveau cadre pour l’aviation sportive et de loisir
Les mois qui viennent risquent d’être comme ceux qui précèdent, incertains et compliqués. Paradoxalement l’activité de notre pratique a été bonne. Le nombre de licences a sensiblement augmenté par rapport à l’année 2019 et nous avons clairement senti ce goût des Français pour des activités locales et de pleine nature. L’annulation des principaux rassemblements, la difficulté de se réunir simplement ont cependant un effet sur la vie normale d’une fédération.
L’aviation de loisir et la crise
À côté de cela, le secteur aérien a été touché de plein fouet d’une manière incroyablement violente. Pour plein de raisons, historiques et fonctionnelles, l’activité de loisir risque d’être elle-aussi impactée. Le contexte très particulier de la convention citoyenne accentue une tendance politique forte qui peut encore compliquer le développement de nos pratiques. Cependant et sans crier aux loups, ni être dans une posture, la taxation de l’AVGAS, ne concerne pas le parc des machines ULM qui tournent avec du SP98 ou SP95, et nous espérons convaincre les parlementaires que l’interdiction de remorquage des banderoles n’aura aucun impact sur la surconsommation (c’est l’objectif visé), ni sur l’empreinte carbone (30 machines concernées et principalement des ULM) mais un effet direct sur l’emploi dans un marché de niche.
Un nouveau cadre
Cette période de bouleversement est peut-être l’occasion de poser un nouveau cadre pour l’aviation sportive et de loisir qui vit principalement sur un héritage glorieux mais déclinant dans ses moyens et ses ambitions. Le ministre des Transports est un pilote qui connaît parfaitement les enjeux de toutes les formes d’aviation. Il nous semble que quatre grands axes peuvent utilement structurer nos pratiques au sein même de toutes les Fédérations aéronautiques.
Les jeunes
Le premier concerne les jeunes. Les grandes impulsions historiques de soutien à l’aviation (Front Populaire, Trente glorieuses) se sont toujours adossées à une politique jeune ambitieuse qui garantit la pérennité de la pratique. Pas seulement pour faire des pilotes, des instructeurs, des ingénieurs, des mécaniciens mais pour être d’une certaine manière des « révélateurs d’existence ». Le succès du BIA est une chance qu’il faut encourager en proposant des parcours valorisants pour la jeunesse.
Les terrains
Le second concerne les terrains qui sont une condition essentielle d’accès à la pratique. Non seulement il n’y a plus de stratégie de développement des terrains mais les derniers épisodes (voir article sur Sallanches) donnent le sentiment que l’on se satisfait des fermetures. Une stratégie terrain, c’est de la biodiversité, de l’aménagement du territoire, cela dilue les nuisances de la pratique tout en se rapprochant de nouveaux publics.
Environnement
Le troisième concerne la rupture carbone. Il faut éviter les chimères et les effets de communication (type e-fan) tout en étant pragmatiques. L’électrique, même s’il se développe, ne va pas remplacer l’activité du jour au lendemain. Le sujet est nécessairement transversal, dans un mixe qui concerne la modernisation du parc des machines, la sensibilité au bruit, la biodiversité, l’innovation, la distribution du réseau d’énergie.
Responsabiliser les acteurs
Le quatrième consiste à responsabiliser les acteurs en leur faisant confiance pour organiser avec des objectifs partagés, la formation, la sécurité, le développement de nos pratiques. Les Fédérations aéronautiques passent trop de temps à se défendre de modèles qui n’ont pas été élaborés pour elles et qui rendent la pratique complexe.
Si nous fixons des objectifs clairs, nous pourrons passer cette période troublée, à moyens quasi-constants en y associant des nouveaux partenaires (sport, territoires, syndicat, professionnels, industriels) qui comprendront mieux qui fait quoi et pour qui.
Sébastien Perrot
Président de la FFPLUM
ULM Info n°113 - Septembre 2020