Entre Noël et le jour de l’an, au bord du bassin d’Arcachon, la grande famille de la communauté aéronautique dans toutes ses composantes (civiles, professionnelles, de loisir, légère et plus lourdes), a rendu un dernier hommage à Bernard Chabbert.
Nous avions tous le sentiment qu’une page se tourne, non seulement parce que la personnalité de Bernard est irremplaçable mais aussi parce qu’elle correspond à un développement de l’aéronautique dont les principaux équilibres remontent au début des années 1970 avec une osmose entre toutes les pratiques, un soutien de l’Etat et de l’opinion affirmés, des constructeurs établis, des terrains et des installations bien implantés, un système de formation généreux, des meetings et des médias de référence.
Il est évident que ce chapitre est en fin de cycle. On pourrait faire remonter symboliquement ce moment à la maladroite remarque de la Maire de Poitiers (qui reconnaîtra ensuite son erreur) en 2021 qui affirmait que « l’avion ne doit pas faire parti des rêves d’enfants ». Dans son hommage à son père, Antoine Chabbert, lui-même pilote de ligne, a rappelé que son père a eu toute sa vie des rêves d’enfant et qu’il a su nous les faire partager. Fidèle à la lecture du « Petit Prince ».
La liberté de voler, les sensations et les joies extraordinaires qu’elle apporte, répondent à un désir profond. Ce sont juste les modalités de sa mise en œuvre qui évoluent et d’autres chapitres sont en train de s’écrire. Et bien que l’époque soit particulièrement compliquée, l’envie de voler est toujours là. L’ULM a une opportunité extraordinaire de répondre au mieux aux exigences du temps à condition d’éviter deux écueils: celui de l’Etat et l’opinion qui finiraient par tous nous clouer au sol faute de bien comprendre notre activité, celui de la communauté ulmiste qui serait tentée de se replier sur elle-même au nom d’une vision idéalisée du passé. C’est le rôle des clubs, des instructeurs, de tous les acteurs passionnés de défendre et de promouvoir plus que jamais notre activité. Et comme le disait Bernard, derrière les histoires d’avion, il y a des histoires humaines de rencontre et de fraternité.
Nous avons aussi appris avec tristesse la disparition de notre cher Hubert de Chevigny qui était un grand monsieur de notre pratique. Il avait rappelé pour les 25 ans de la Fédération son rôle dans l’émergence de notre mouvement. Il nous a aussi fait rêver dans cette aviation de faucheur de marguerite, simple et pleine de champs d’aviation, ULM de baroudeur et de rencontre. Il nous expliquait entre autre comment nos racines permettent de projeter plus loin nos ailes.
Nous avons donc plein de ressources avec Hubert, Bernard et plein d’autres, pour écrire les nouveaux chapitres de l’histoire de l’aviation dans lequel l’ULM a plus que jamais sa place. Derrière tout cela il y a des valeurs humanistes qui sont réconfortantes. Quoi de mieux à se souhaiter pour 2023?
De beaux vols, de belles rencontres dans toute la diversité et le respect de nos pratiques.
Très bonne et heureuse année 2023!
Sébastien PERROT
Président de la FFPLUM