Lettre en réponse au communiqué de presse du GIPAG du 10 décembre 2021.
Chère Madame Horiot,
Dans un communiqué du GIPAG, dont vous êtes la présidente, intitulé « Encadrer le travail aérien en ULM » vous affirmez que votre organisation, par ailleurs membre de la FNAM, est un important contributeur d’un arrêté soumis à la DGAC en novembre concernant le travail aérien en ULM. Vous avez même mis en place un « groupe d’experts ULM » pour proposer une mouture de l’arrêté à la DGAC. Vous souhaitez mettre « une cohérence entre d’un côté un système ultra encadré des aéronefs certifiés et de l’autre le no man’s land règlementaire du travail aérien en ULM ». Vous proposez donc toute la panoplie bien connue de l’aviation certifiée avec entre autres la visite médicale aéronautique de classe 1 ou le suivi des machines dans des ateliers agréés.
À quel titre faites-vous cela ? Sur quelle légitimité ? À partir de quels problèmes avérés ?
Vous n’avez jamais contacté la Fédération Française d’ULM mais je sais que vous menez depuis de longs mois un travail actif de sape de notre activité auprès des autorités, vous le revendiquez même dans votre communiqué. Le terme de « professionnel », l’ancienneté du GIPAG, votre notoriété depuis des années au sein de la société Troyes aviation distributrice de DAHER, MOONEY ou PIPER (toutes sociétés bien loin de l’ULM…) créent une sorte d’aura d’immunité naturelle qui ne doit cependant abuser personne ! Chacun aura bien compris que le GIPAG ne s’est jamais préoccupé de l’ULM, que vous parlez d’un domaine que vous ne connaissez pas et que votre action est essentiellement motivée par la jalousie. Ce n’est pas en enfermant les autres que l’on se libère soi-même et si nous comprenons les difficultés de l’aviation certifiée, ce n’est pas en bridant l’ULM que vos mandants se porteront mieux !
Je vous ai appelée immédiatement pour vous faire part de ma surprise ! J’ai constaté en vingt minutes d’échange téléphonique que vous ne connaissez strictement rien à la règlementation ULM et à son développement. Dans les motifs de distorsion de cohérence, vous avez évoqué : la photo ! Pensez-vous vraiment que la photo soit aujourd’hui le cœur de métier des pilotes professionnels ULM ? On parle bien d’ULM, pas de drones ! L’épandage ? Où ça ? En photo dans les livres d’histoire ! Le largage para ? Depuis un pendulaire, un par un et à dose homéopathique ! Le tractage banderole qui a été honteusement sacrifié et que nous avons censément défendu ensemble ?
Vous ne savez pas comment fonctionne le mouvement ULM qui affilie aussi (à 30 %) des sociétés à but lucratif comme beaucoup de fédérations sportives (la moto, la voile, le golf) qui ont aussi des professionnels. Vous restez clivée sur des distinctions travail/loisir, club/professionnel qui ont tué à petit feu le système actuel. C’est une règlementation adaptée (non pas un no man’s land) et un développement équilibré entre nos clubs et nos sociétés qui a permis le succès de notre pratique. La règlementation ULM a permis l’essor de machines innovantes et accessibles. Elle a créé un écosystème de professionnels et nous avons dans toutes les classes de machines des constructeurs nationaux prestigieux.
Vous prétendez ainsi que l’absence de visite médicale aéronautique est une anomalie en ULM, mais quand je vous réponds que l’Angleterre a en aviation certifiée une approche plus libérale qu’en France identique au nôtre en ULM, vous ne dites rien ! Il est pourtant bien là, l’enjeu : défendre nos libertés de manière responsable sans souhaiter aux autres par facilité des normes plus contraignantes. On peut créer un groupe d’experts sur le médical au sein de la FFPLUM pour aider la DGAC à vous libérer ! Vous avez fini par reconnaître qu'un de vos proches était médecin aéronautique…
Vous connaissez tellement mal le sujet que vous ne voyez pas l’effet désastreux qu’aurait une telle règlementation sur la découverte de notre activité. Admettons que vos apprentis sorciers autoproclamés experts arrivent à leurs fins. Quelle sera la conséquence ? Le développement de notre pratique sera entravée pour des motifs qui ne sont absolument pas liés à des raisons de sécurité, ce qui n’apportera rien à vos professionnels et qui emmènera tout le monde dans sa perte à une époque où les menaces sur l’aviation sont si nombreuses. Je suis frappé de voir qu’il est toujours facile de taper sur l’administration nationale ou européenne mais que la demande de règles et de normes vient souvent d’entités qui organisent leur influence et leur pré carré quitte à faire sombrer l’ensemble. Et je n’hésite pas à le dire : heureusement que la DGAC a été avec nous pour préserver l’ULM. Je vous ai invitée sur le MULM mais vous n’étiez pas disponible ! Vous êtes la bienvenue à la Fédération et sur nos terrains pour vous présenter la dynamique de notre pratique que vous ne connaissez pas.
S’agissant du vol découverte, la Fédération défend une politique simple : plus de formation pour les pilotes non-instructeurs, un meilleur outil de suivi des formations et surtout ne pas toucher à l’équilibre fragile entre la règlementation, la sécurité et la formation. Les pilotes d’ULM ne comptent pas sur vous pour les défendre, pilotes de loisir ou pro, clubs ou sociétés, instructeurs ou dirigeants de structures et je suis dans mon rôle de président de Fédération lorsque je m’étonne que le GIPAG se mêle de notre règlementation sans aucune légitimité. Vos propos sont même blessants de mépris sur notre activité. Le GIPAG représente environ 70 structures professionnelles du monde certifié, la Fédération regroupe 1 200 structures, 1 200 instructeurs, plus de 16 000 licenciés et un réseau de 800 terrains ULM. Chacun peut avoir un avis sur tout mais il est essentiel de respecter la légitimité des acteurs. Je vous invite donc à rentrer directement en contact avec nous si vous souhaitez avancer des éléments précis.
Veuillez croire à mes sentiments cordiaux.
Joyeuses Fêtes.
Sébastien PERROT
Président de la FFPLUM
Photo : © FFPLUM