En 40 ans de Fédération, Pierre Pouchès en a vu, des machines défiler. Moteurs 2 temps, tubes et toiles, jusqu’aux moteurs Rotax nouvelles générations, il nous raconte son histoire et sa vision des 40 ans de l’ULM.
L’arrivée à la Fédération
Le 8 mars 1989 Philippe Boucherat bien connu des Ulmistes m’amène au : 24 rue du plateau à Maisons-Alfort, c’était à l’époque le siège de la FFPLUM.
« Demain c’est l’Assemblée Générale de la Fédération. Faut que tu viennes nous aider. » Je suis parti et j’y suis encore.
L’Assemblée Générale est conduite par Alain Dreyer, président fondateur. Je fais partie des candidats. Je ne connais personne, c’est impressionnant. Les présidents votent et me voici élu dans le nouveau Comité Directeur ! Dans ma tête, je me demande : « Peyo, que viens-tu faire encore dans cette galère ? »
Le président Dreyer demande à chacun quel poste il souhaite occuper. Petit nouveau, je passe en premier, ne connaissant rien du fonctionnement, je passe mon tour. Mon tour revient et je propose de faire une école de mécanique. Alain Dreyer me demande de développer : fort de 11 ans de formation en mécanique : Diesel, Hydraulique, Rectification, je dresse un plan rapide. L’assemblée curieuse et intéressée est conquise.
Je suis resté au Comité Directeur durant 12 ans. J’ai occupé au bureau les postes de : secrétaire général, puis de vice-président. J’ai ensuite quitté le Comité Directeur pour me consacrer à l’école de mécanique qui avait pris des proportions importantes.
Pierre Pouchès "Peyo" (au centre) dans son atelier autour d'élèves attentifs
La mécanique et la FFPLUM
Sans l’imaginer une seconde, une aventure de grande échelle vient de démarrer. En 1989, me voici quincailler fédéral. Je dresse un tableau des mécaniques de l’époque pour constater qu’il y avait des moteurs dont je ne connaissais même pas le nom !
Peu importe, c’était un paradis de mécano. L’été approchant, Jean-Pierre Pouleau en charge de la compétition me demande d’intégrer le staff de l’équipe de France en tant que mécanicien. Quel chantier ! Il y avait très peu de Rotax à l’époque mais des moteurs assez hétéroclites : (Cuyana, Fuji Robin Hirtz, VW, Hiro, Solo, JLO etc.) qui m’ont bien occupé pendant 15 jours. Mes quelques bases m’ont bien servi.
Peyo avec l'équipe de France (2e rangée, accroupi, à droite)
Puis me vient l’idée de créer la permanence téléphonique pour ceux qui avaient des soucis mécaniques et ce n’était pas rien, beaucoup de machines étaient des constructions d’amateurs. C’était également la période où l’on passait des huiles minérales aux synthèses. Alors passer de 6 % à 2 % les mélanges huile et essence n’a pas été simple.
Pour ceux qui se souviennent, le 05 62 68 82 64, (qui marche toujours), le mercredi de 20 h à 22h30 fut un sacré succès. Que d’histoires en tous genres j’ai pu entendre !
Le numéro existe toujours et j’y réponds toujours mais plus après 20 h depuis l’avènement des téléphones portables. Les questions sont toujours aussi nombreuses.
Depuis 28 ans, je suis le mécano de l’équipe de France. Dominique Méreuze m’a demandé il y a 20 ans de participer à l’aventure du Tour ULM.
Mécano sur de nombreux Rallyes internationaux, faire de la formation, des expertises et de l’assistance pour du civil, des administrations et du militaire en dans de nombreux pays européens, africains, dans l’océan Indien, Pacifique, à 4 reprises de l’assistance sur des sinistres inondations importants (Fréjus et très récemment Fourques dans le Lot-et-Garonne)… je ne me suis jamais ennuyé en 32 ans de bénévolat fédéral.
Peyo (au centre) au Tour ULM
Que d’histoires et d’aventures m’avez-vous fait vivre, des marantes, des moins marrantes, des pas marantes du tout et tant d’autres qui me reviennent à l’esprit de temps à autre.
Combien de personnages hauts en couleur j’ai pu rencontrer ? Combien d’émotions, de frissons, de fous rires ou de larmes ? Et toujours prêt à repartir… !
Pierre Pouchès est allé à Fourques après les inondations de février 2021 © Base ULM de Fourques
Le CNFTE
L’école de mécanique CNFTE est toujours en fonction, son succès ne s’est jamais démenti. La Covid a passagèrement ralenti la cadence mais dès que possible on repart.
Dans l’ancienne formule de stages en fixe à Marsolan ou en itinérants dans toute la France, ce sont plus de 8 500 stagiaires que j’ai rencontrés.
Combien de repas de stages à Marsolan, combien de moules au Ricard ou d’huîtres au four ou même de côtes à l’os selon les lieux. Après la journée de stage je faisais la cuisine.
Combien de chauds au cœur j’ai vécu et fait vivre. L’ULM ce doit d’être convivial et à la portée de tous.
Peyo et Thomas ont tourné plusieurs tuto mécanique
Le CNFTE va prochainement se déplacer à Blois. Je souhaite que l’aventure se poursuive et soit aussi vivante et bénéfique pour vous. Longtemps encore pour celui ou ceux qui me remplaceront.
Le CNFTE aura pour mission de former les pratiquants, les mécaniciens en charge d’entretien et de la réparation car la complexité de nos mécaniques et celles à venir ne relèvera pas de l’intuition.
L’électrique n’échappera pas à la règle. Il va prendre une part importante et bien plus vite que l’on ne l’imagine. Là encore le CNFTE et la FD auront un rôle particulièrement important à jouer pour les pilotes et les mécaniciens car ce sont des métiers nouveaux qui vont voir le jour et qu’il faut créer. Qui n’avance pas recule, c’est bien connu.
Voici 32 ans de bénévolat au service de la FFPLUM, j’arrive au bout de l’aventure sans regrets si ce n’est que c’est passé très vite. J’aurais bien des choses à raconter mais on me presse, je dois rendre ma copie.
J’ai travaillé avec tous les présidents : 1 journée avec Alain Dreyer, Jean-François Lemouton (1989-1994), Jean-Pierre Dutoit (1994-1998), Dominique Méreuze (1998-2015), Pierre-Henri Lopez (2015-2017) et Sébastien Perrot (2017-).
Je remercie encore les présidents Dominique Méreuze et Pierre-Henri Lopez de m’avoir fait l’honneur de la médaille de la Fédération puis de l’Aéronautique par Monsieur le Directeur de l’Aviation Civile.
Pour finir, je t’adresse mes amitiés à toi ancien stagiaire, à toi que j’ai rencontré au fil de mes chemins, au bout d’un coup de fil à toi que j’ai débrouillé au coin d’un terrain ou ailleurs.
Continue à voler et souviens-toi : tu sais tu fais. Tu ne sais pas tu ne fais pas mais demande.
Pierre Pouchès « Peyo »