Dans le prolongement de la rubrique nouvellement créée dans l’ULM-info, nous vous proposons de découvrir dans cette rubrique des femmes pilotes d’ULM, qu’elles soient sportives ou pratiquantes de vol loisirs.
Cette semaine, nous vous présentons Florence Vieil, basée à Châteauneuf-sur-Cher dans la région Centre (LFFU).
Florence : pilote dans l’âme
Je m’appelle Florence Vieil (Flopie pour les amis de l’aéronautique). Mon aventure de pilote a commencé alors que j’avais 37 ans, en même temps que celle mon mari François, à l’aérodrome de Châteauneuf-sur-Cher (avec un instructeur merveilleux, Michel Proust, qui nous a transmis sa passion). Je pilotais alors sur DR 315, DR 400, puis après le brevet en 1996 sur un Jodel D112 en train classique (un appareil fantastique qui fait rêver).
Cette belle histoire s’est prolongée durant 6 ans mais en 2000 j’ai dû cesser de voler à cause de contraintes familiales. Mais il faut le savoir, cette passion est un véritable virus qui peut être latent et réapparaître sans prévenir….
Après 10 ans sans pratiquer, j’ai renoué avec le vol grâce à l’ULM pendulaire. Cette fois-ci, les retrouvailles avec le ciel ont eu lieu sur la piste St-Christophe-le-Chaudry, avec Hervé Beaux.
J’y ai découvert le vol de plein air où les sens sont tous sollicités : visuel autant que thermique, sans oublier l’odorat : les multiples parfums de la nature et le ressenti du vent sont poussés à leur maximum. On l’oublie peut-être souvent, mais quel bonheur !
Mon pendulaire était un appareil fiable et simple (GTBI 582 aile Ixess 13) qui laisse une grande part au plaisir du pilotage avec une vision complète de notre jolie planète.
Mais ce virus aéronautique m’a provoqué une nouvelle poussée inflammatoire… et si je me lançais dans le vol en multiaxes ? Un nouveau défi, après 8 ans de pendulaire. J’y ai retrouvé le même plaisir du vol avec Frédéric Speyser à nouveau à Châteauneuf-sur-Cher. Passionné lui-même, il aime partager et transmettre ses connaissances avec beaucoup de pédagogie.
Chaque vol est un plaisir intense qui me pousse vers l’amélioration du pilotage dans le respect des règles et de la sécurité. J’ai l’immense chance de partager tout cela avec mon mari. Aujourd’hui, nous volons avec un Guepy (nommé le zèbre) motorisé avec un 582 Rotax. Nous réalisons également un retour aux sources avec l’acquisition d’un Jodel D18 V motorisé avec un Limbach 2000. Le nouveau défi consiste maintenant à renouer avec le pilotage en train classique.
Mes meilleurs souvenirs de vol ? Difficile de choisir tant ils sont nombreux.
Le premier souvenir, c’est bien naturellement le lâché. Une alchimie merveilleuse entre le plaisir d’être seule en vol et une forme de stress positif qui permet de se surpasser. Mais je garde une place de choix pour la découverte de la Corse vue du ciel : départ de Châteauneuf-sur-Cher, étape à Cuers puis traversée vers l’Île de Beauté dont j’ai fait le tour sur trois jours. Les escales : Ajaccio, Propiano et Calvi en passant par les côtes et par le Centre. Incroyable.
Il y a aussi un vol en pendulaire au-dessus des grues, qui, surprises, ont accepté de me faire partager leur migration durant une quinzaine de minutes. La vision du vol en formation de ces magnifiques volatiles, vu du dessus, m’a laissée émerveillée.
Le retour d’un vol qui me fait traverser la CTR de Châteauroux avec passage au-dessus de l’aérodrome. La tour me fait survoler un Boeing 747 en entraînement « touch and go » et je passe au-dessus du Boeing juste au moment de son touché… ce sont des images que je ne peux pas oublier.
Plus récemment le mondial ULM de Blois en 2022. Une météo capricieuse pour le trajet aller, une arrivée dans la soirée avec les lumières de la manifestation déjà allumées, dormir sous l’aile de mon Guepy (qui a retrouvé pour l’occasion son créateur Jean Daniel Roman). Réveil avec la danse matinale des paramoteurs puis deux jours de rêve partagés avec des passionnés d’ULM.
Quant aux mauvais souvenirs, je n’en ai pas. Il y a des incidents, des moments plus difficiles voire de découragement, mais ils aboutissent toujours à une meilleure expérience…
Il n’y a pas de question d’âge ou de sexe, il n’y a pas une discipline meilleure que l’autre, mais juste le plaisir de voler et de partager cette passion.
Chaque vol est différent et apporte un moment de joie. Pour moi en 18 ans de vol, j’ai eu un peu plus de 700 heures de bonheur et je compte bien continuer…
Florence Vieil
Propos recueillis par Solène Bergevin
Crédit photo : François et Florence Vieil